« L’anxiété scolaire n’est pas une fatalité » – Entretien avec le Dr Emmanuel Thill

Ce 1er octobre 2025, le CePAS a réuni une centaine de participants — enseignants, personnel éducatif et psychosocial — à l’eduPôle Walferdange pour une conférence sur l’anxiété scolaire, présentée par le Dr Emmanuel Thill, pédopsychiatre et professeur de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent (HELHa, Belgique). Rencontre…

1) Quel est le message essentiel à faire passer au sujet de l’anxiété scolaire ?
L’anxiété scolaire n’est pas une fatalité. Elle appelle une action collective où chaque acteur se sent concerné afin d’éviter sa chronification. Ce n’est pas une anxiété pathologique qui enferme, mais bien une anxiété sociétale liée à l’ère du temps, et qui exige des réponses collectives.

2) Quelle place devrait prendre la lutte contre l’anxiété scolaire dans le monde éducatif d’aujourd’hui ?
Plus qu’une « place particulière », il s’agit de se donner les moyens de repérer les signes souvent cachés : l’agressivité (qui masque fréquemment une angoisse), les plaintes somatiques (ce qu’on appelle parfois les absences perlées) et les troubles de la concentration.

3) Quel regard aimeriez-vous que les enseignants et les parents portent sur ce phénomène ?
Il est essentiel que l’adulte puisse s’arrêter et réfléchir à ce que cette anxiété, vécue par le jeune, suscite en lui : est-ce une peur qu’il craque ? Est-ce que cela me génère de la tristesse, de la colère ? Quelles émotions personnelles sont éveillées ?
Il est ensuite important de mettre ces émotions de côté afin de mobiliser un lien avec le jeune et de faire appel à notre créativité pour l’accompagner. Dans le cas contraire, tout est altéré par nos propres ressentis. L’essentiel, en tant qu’adulte, est de garder une posture qui permette de dépasser cette anxiété.

4) Si vous deviez revenir sur une idée clé de votre conférence, quelle serait-elle ?
Aux enseignants comme au personnel éducatif et psychosocial, je souhaite rappeler l’importance de rester présents. Ne pas laisser le jeune dans un « silence radio » est crucial, même lorsqu’il ne répond pas directement aux sollicitations — par exemple dans une situation de décrochage scolaire.
Le fait de savoir qu’il est attendu constitue déjà un encouragement pour l’adolescent à reprendre le chemin de l’école.

Ressource :
Emmanuel Thill, 100 idées pour lutter contre le repli social des adolescents. Phobies scolaires, phobie sociale et dépression de l’adolescent : se déplier pour se déployer à nouveau, Éditions Tom Pousse, collection 100 idées, 24 avril 2024.

Dr Emmanuel Thill, pédopsychiatre et professeur de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent