La campagne #MirSinn menée actuellement dans les lycées a pour objectif de rendre les services psycho-socio-éducatifs (SePAS et SSE) plus attrayants pour les élèves. L’un de ses messages Mir Sinn PSCHT est axé sur la confidentialité. Alioune Touré, psychologue au Centre de ressources du CePAS, nous explique pourquoi il est important de véhiculer ce message suite aussi à la réalisation d’un vadémécum sur le secret professionnel et la confidentialité.
C’est une idée reçue qu’il était essentiel de déconstruire via un travail de concertation avec les professionnels pour favoriser davantage la transparence sur les procédures.
Comment est née la volonté de créer un vadémécum sur le secret professionnel et la confidentialité? Et pourquoi maintenant ?
Alioune Touré - En octobre 2020, en pleine pandémie, le Parlement des jeunes a manifesté lors d’une audition à la Chambre des députés le désir de détabouiser la question de la santé mentale. Nous avons saisi la balle au vol pour mener des concertations avec ces jeunes, qui ont abouti d’une part à une intervention d’experts externes à une réunion de coordination pour le personnel psycho-socio-éducatif (mensuelle), et d’autre part à la création d’un comité de consultation des jeunes pour mieux cerner leurs besoins en matière de bien-être et de santé mentale. C’est dans ce cadre que ceux-ci ont exprimé l’urgence de connaître les missions des services psycho-socio-éducatifs présents dans les lycées et de les rendre plus « attrayants » pour les jeunes.
Un point d’inquiétude est notamment le respect de la confidentialité de ces services. Les jeunes consultés pensent que les informations confiées peuvent circuler librement entre les différents acteurs de la communauté scolaire (enseignants, directions, parents). C’est une idée reçue qu’il était essentiel de déconstruire via un travail de concertation avec les professionnels pour favoriser davantage la transparence sur les procédures.
De ce groupe de travail sont nées plusieurs idées : la campagne Trau Dech, la carte boomerang « you are stronger than you think » et le vadémecum sur le secret professionnel et la confidentialité. Ce vadémécum permettra d’informer les élèves, les familles, les enseignants et les directions sur le contour du travail effectué par ces services, mais il s’adresse aussi aux équipes internes en clarifiant la communication entre les différentes professions : psychologues, assistants sociaux, éducateurs.
Comment la confidentialité s’inscrit-elle actuellement dans les lycées ?
A. T. - La confidentialité est un outil indispensable pour que équipes psycho-socio-éducatives (PSE) puissent accueillir la parole de l’élève en toute confiance. Ces professionnels respectent déjà cet impératif. Mais la spécificité du travail dans les lycées rend cette confidentialité très complexe. Car les relations nécessaires entre les enseignants, les directions et les PSE posent le cadre du travail quotidien. L’élève reste néanmoins maître du secret et les PSE sont tenus de l’informer et de lui demander son consentement si des choses doivent être dévoilées. Il y a par exemple un « need-to-know » de base que les PSE doivent parfois transmettre à leurs collègues pour la bonne continuité de leur travail. Par exemple, il se peut qu’un psychologue va recommander au conseil de classe de donner une deuxième chance à un jeune lorsque celui-ci est confronté à une maladie ou une contrainte familiale sans pour autant dévoiler la raison spécifique ni les détails des circonstances. .
Le secret professionnel étant déjà respecté, ce que le vadémécum tente d’uniformiser c’est d’avoir une visibilité de ceslignes directrices communes pour tous les membres de la communauté scolaire, avec le standard de référence le plus élevé au niveau de la confidentialité, dans l’intérêt du jeune. Ceci pour avoir dans le futur la même compréhension de tous sur le fonctionnement de la confidentialité et des règles en place auxquelles vont pouvoir se référer tous les PSE, les élèves mais aussi les enseignants, les directions et les parents. Ce vadémécum offre ainsi toutes les références législatives, des fiches techniques et des fiches pratiques qui guident le travail des PSE dans plus d’une cinquantaine de situations différentes. Nous voulons ce guide évolutif, c’est pourquoi nous n’en publions qu’une version électronique afin de pouvoir l’ajuster à tout moment.
Quels sont les objectifs visés?
A. T. - Tout d’abord, ce vadémécum va permettre à tout le monde de comprendre les enjeux de la confidentialité. Les élèves en premier lieu doivent être rassurés en voyant que c’est un sujet qui nous tient à cœur.
Les professionnels ont des niveaux d’expérience différents, et au travers d’un tel outil, trouvent des lignes directrices pour agir en toute transparence vis-à-vis de l’élève et des autres partenaires. Quand, quoi, comment, pourquoi, sont les questions auxquelles le vadémécum tente de répondre dans de multiples situations.
C’est avant tout un outil de référence et de réflexion permettant aux professionnels d’agir dans un cadre balisé. Ce travail de transparence va, nous l’espérons, donner confiance aux jeunes afin qu’ils puissent se tourner en toute confiance vers leur confident. C’est à ce prix que les professionnels pourront accueillir les jeunes dans les meilleures conditions, et ainsi participer activement à la promotion de la santé mentale et contribuer au bien-être des jeunes.