Une formation sur les premiers secours en santé mentale a été instaurée par la Ligue Luxembourgeoise d’Hygiène Mentale dans le cadre du Plan National de Prévention du Suicide. Depuis deux ans, celle-ci est proposée dans sa forme Youth (pour des adultes travaillant/vivant avec des jeunes) au personnel de la communauté scolaire par le CePAS. Nous comptons ainsi aujourd’hui plus de 500 secouristes tous professionnels confondus capables de reconnaître les signes précoces des problèmes liés à la santé mentale chez les jeunes, d’aborder sans jugement un adolescent concerné, d’apporter les gestes de premiers secours à une personne qui fait face à des problèmes psychiques ou qui traverse une crise psychique et de l’orienter vers les prises en charge appropriées comme celles proposées par les SePAS.
Afin de dresser un premier bilan après deux ans de pratique dans l’Education nationale et d’identifier ensemble des perspectives futures, un événement s’est tenu ce 3 juillet à l’eduPôle de Walferdange. Après un état des lieux sur la santé mentale présentée par Fränz D'Onghia, Docteur en psychologie de la santé et Chargé de Direction du Centre d'Information et de Prévention à la Ligue Luxembourgeoise d'Hygiène Mentale, une table-ronde a permis de croiser les regards et les expériences de différents acteurs de la communauté scolaire.
En guise d’introduction, Nathalie Keipes, Directrice du CePAS, a souligné l’importance de parler de la santé mentale, d’autant plus depuis les constats liés à la pandémie et l’augmentation du stress scolaire : “On parle de plus en plus du bien-être des élèves mais celui des professionnels qui les encadrent est tout aussi important et cette responsabilité incombe à la collectivité, à l’ensemble de la communauté scolaire”, a-t-elle précisé.
Fränz D'Onghia a quant à lui rappelé l’importance des institutions comme le CePAS qui agissent directement sur le terrain avec les équipes éducatives et psycho-sociales. La Ligue a notamment présenté les résultats d’une synthèse de plusieurs études analysant l’impact de la pandémie sur la santé mentale : “Les résultats globaux montrent que la pandémie n’a pas eu d’impact négatif direct sur la santé mentale ou sur l’anxiété de la population, bien que certains sous-groupes aient connu une faible aggravation des symptômes de dépression. Pourtant, l’on note bien une augmentation des demandes de consultation”, a rapporté Monsieur D’Onghia. Outre le soutien des institutions, l’effet de témoignages de certaines personnalités comme l’actrice Angelina Jolie (santé physique) ou encore le chanteur Stromae (santé mentale) aurait encouragé un grand nombre de personnes à demander de l’aide.
Participante à la table-ronde, Madame Nadine Rassel, Directrice adjointe du Lycée technique d’Ettelbruck, a parlé de plus de 20 personnes formées dans son établissement, ce qui, selon elle, témoigne bien d’un intérêt accru pour la thématique. L’expérience pratique ne sera toutefois évaluée que dans un second temps.
Pour Stéphanie Konnen, enseignante à l’Athénée de Luxembourg, cette formation Youth permet non seulement de se poser les bonnes questions, de réagir plus rapidement en cas de problème identifié mais surtout permet à chaque professionnel de déterminer le rôle qu’il peut jouer et les limites de celui-ci. Madame Konnen a également ajouté que les enseignants étaient souvent limités par le temps.
Pour les jeunes participants à la table-ronde, la formation Teen (premiers secours en santé mentale à l’attention des jeunes, favorisant l’entraide entre adolescents) composé de 6 heures de cours devrait être inclue dans le programme scolaire afin que les jeunes cernent bien les enjeux et se sentent encore plus concernés.
Pour la Conférence Nationale des Elèves du Luxembourg (CNEL) dont était présente sa Vice-Présidente, Jennifer Timoteo, l’aide dans les lycées doit aller au-delà des SePAS qui peuvent trouver une complémentarité avec les missions des secouristes sur le terrain car : “les SePAS ne peuvent pas être au courant des problèmes de tous les élèves”.
Enfin, l’importance de l’implication des parents dans ce processus a également été soulignée.
Pour la Ligue Luxembourgeoise d'Hygiène Mentale, l’objectif est d’atteindre 2300 secouristes d’ici 2024, ce qui semble envisageable étant donné l’intérêt dans les écoles et au-delà.