Retour sur la visioconférence sur le cyberharcèlement

Quand la santé mentale des adolescents en paye le prix !

Plus de 520 personnes ont rejoint le CePAS ce jeudi 28 octobre pour une visioconférence sur le cyberharcèlement. Une majorité d’enseignants, notamment de l’enseignement fondamental, mais également des Directions ainsi que du personnel psycho-socio-éducatif se sont montrés intéressés par ce sujet développé par le psychopédagogue et docteur en sciences de l’éducation, Bruno Humbeeck, et le psychanalyste et expert des mondes numériques, Michael Stora.

Il a d’abord été rappelé qu’il convenait de distinguer trois profils dans le phénomène du harcèlement : le dominant, le dominé et les « spectacteurs ». Ces derniers étant les harceleurs passifs. Avec le cyberharcèlement, c’est le nombre de spectacteurs qui se voit augmenter et provoque chez la victime un sentiment d’impuissance et d’anéantissement brutal à cause de messages portés tant par des personnes qu’elle connaît, que par des inconnus. Les agressions en ligne ne sont pas prévisibles et prennent par surprise les parents et le corps enseignant. D’autant que les victimes auraient une caractéristique commune : ils ne présenteraient aucun « défaut apparent » qui souvent suscite ce genre de moqueries. Le cas le plus typique étant celui de la meilleure amie qui se voit exclue d’un groupe. Le sentiment d’impuissance ressenti par la personne visée se transforme en désespoir car celle-ci estime que les adultes sont démunis pour lui apporter l’aide adéquate. Michael Stora, dont le dernier ouvrage s’intitule « Réseaux (a)sociaux», a rappelé que nous avions tous été des victimes des cours de récréation dans lesquelles l’agressivité entre les enfants est palpable. Il a aussi pointé les enfants qui cherchent à remettre en question la parole de l’adulte : « Si un professeur accepte que le rapport de force soit brisé alors qu’il est censé dominer la classe, tout devient possible. La prise de pouvoir et le phénomène de groupe va s’intensifier sur la toile et le lynchage virtuel aura pour seule vocation de détruire l’autre ».

 

Comment y répondre

Bruno Humbeeck a évoqué plusieurs dispositifs pour contrer le cyberharcèlement. Il a ainsi donné l’exemple des espaces de parole régulés afin d'apprendre à exprimer ses émotions et à écouter celles des autres ("les émotion se disent mais ne se contredisent pas"). Ceci est un moyen pour les professionnels de mieux gérer les dynamiques de groupes. Selon lui, ce sont bien des techniques qui doivent être proposées aux professionnels de la communauté scolaire, pas nécessairement par de longues formations. Ceci afin d’être opérationnel rapidement et d’afficher auprès des jeunes et des parents que l’école est suffisamment outillée pour réagir à cette violence. Mais, toujours selon le psychopédagogue, cela s’accompagne d’une organisation de la part de la société afin de proposer des sanctions : « Il faut marquer un coup d’arrêt institutionnel. Aujourd’hui, l’usage asocial des réseaux sociaux est interdit mais pas contrôlé », a-t-il déclaré. Une solution sur la toile serait d’offrir la possibilité aux victimes d’envoyer une copie d’écran. Un « cyberhelp » que le jeune peut ainsi déclencher rapidement et l’école ainsi que le système judiciaire doivent être équipés pour y réagir. Ce contrôle soulagerait l’ensemble des acteurs, y compris les auteurs des violences qui souvent sont enfermés dans une course stressante au maintien d’un certain prestige. Aussi, plutôt que de diaboliser les réseaux sociaux, les experts proposent de tenir un discours préventif auprès des jeunes en les invitant à demander de l’aide en cas de dérapage. Enfin, l’urgence pour les professionnels ne doit pas être de détecter les problèmes mais bien plus de permettre qu'ils soient révélés grâce à des techniques de communication, pour ensuite démontrer que l’école peut y répondre. C’est pourquoi, il est conseillé de commencer par un outil à la fois, mais jamais seul car cela reste également un problème juridique et judiciaire. Par un conseil de discipline par exemple, l’école pourra émettre des réponses en cas d’infraction à des lois internes et externes à l’établissement.

Regardez la visioconférence en replay   

 

 

 

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